Les modèles conceptuels liés au
groupe
Wilfried Bion et l’expérience émotionnelle
Bion
établit une analogie entre la relation de l’individu au groupe et celle du
nourrisson à se mère. Il considère que la situation émotionnelle du groupe est
semblable aux premières étapes du développement du Moi. Bion élabore une
théorie de la pensée chez l’enfant et selon lui, l’origine du psychisme
contient deux éléments : les éléments « béta » (les éprouvés
corporels) et les éléments « alpha ». Au départ, le bébé ressent des
éprouvés agréables ou désagréables, des sensations, des émotions pures. Mais
ces éléments « béta » vont être transformés par la fonction
« alpha » de la mère. Ainsi, la psyché de l’enfant s’étaye sur la
psyché maternelle qui sert d’appui. La mère métabolise les vécus corporels de l’enfant
en lui donnant du sens. Puis progressivement, l’enfant va
« développer » sa propre fonction « alpha » qui va lui
donner la capacité de penser. C’est ainsi qu’il va accepter la capacité de
frustration et d’absence. C’est en élaborant cette théorie de la pensée chez
l’enfant que Bion va conceptualiser l’idée que, dans un groupe, il y a un
contenant et un contenu (le groupe contient
les pensées, les angoisses…).
Dans son
ouvrage Recherches sur les petits groupes, Bion considère que le groupe
s’établit à deux niveaux : un niveau manifeste, rationnel, conscient,
celui de la tâche commune, et un niveau implicite, irrationnel, généralement
inconscient, dominé par des émotions communes plus archaïques.
Selon
Bion, le groupe se constitue en tant qu’entité et il fonctionne avec des
principes propres, indépendamment des personnalités individuelles qui
constituent le groupe. C’est ce qu’il appelle la « mentalité du
groupe » dont la première caractéristique est l’anonymat : « Je
ferai donc l’hypothèse d’une mentalité de groupe constituant le fond commun où
sont versées les contributions anonymes et grâce auxquelles les pulsions et les
désirs que celles-ci contiennent peuvent être satisfaits. Toute contribution à
cette mentalité du groupe doit se conformer aux autres contributions anonymes
ou être soutenue par ces dernières. Je pense que cette mentalité de groupe
présente une uniformité contrastant avec la diversité de pensée propre à la
mentalité des individus qui ont contribué à la former ».
La
mentalité du groupe est donc le fruit de la projection des éléments individuels
sur le groupe en tant qu’entité. Bion précise encore plus son propos au sujet
de la mentalité du groupe en introduisant notamment le concept de
« présupposés de base » qui caractérise le fonctionnement groupal :
- La dépendance : l’objectif premier du groupe est la réalisation, l’affirmation et la pérennisation de l’appartenance au groupe.
- L’attaque-fuite : solution groupale spontanée et périodique d’attaque ou de fuite devant un danger qui menace l’unicité du groupe.
- Le couplage : le rassemblement se fait autour d’un couple considéré comme incarnation d’un modèle parental ou familial idéal, qui sauvera le groupe de ses difficultés.
Publié par Dikann
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