L’art-thérapie se développe en Tunisie. En
2015, la ville de Monastir a
accueilli la première édition des Rencontres d’art-thérapie organisée dans
cette région par l’Association "Médecine, Culture et Art” en partenariat avec
l’Union tunisienne d’aide aux Insuffisants Mentaux (Utaim). Dans certaines
villes tunisiennes, dont la ville de Sfax, des chercheurs, artistes et
soignants commencent à développer la pratique de l’art-thérapie dans des
hôpitaux.
Ci-dessous un article de Yassine Bellamine publié dans le AlHuffington Post (Maghreb, Tunisie) le 30.05.2016. Dikann
Ci-dessous un article de Yassine Bellamine publié dans le AlHuffington Post (Maghreb, Tunisie) le 30.05.2016. Dikann
L'art-thérapie, cette nouvelle pratique thérapeutique qui se développe en Tunisie
L'art-thérapie a le vent en
poupe. "C'est l'exploitation du potentiel artistique dans une visée
thérapeutique et humanitaire comme le définit l'école d'art-thérapie de Tours (Afratapem)", explique Imen Jemmali, art-thérapeute au HuffPost Tunisie. Exerçant depuis quelques
années, elle est l'une des premières tunisiennes à s'être spécialisée
dans ce domaine. Soigner par les couleurs, la
musique, l'art plastique, la danse, le théâtre, ou encore le chant, tel est le
but de l'art-thérapie.
Peu répandue en Tunisie, cette
pratique tend de plus en en plus à se développer comme l'affirme Imen Jemmali : "L'art-thérapie moderne est une discipline
à part entière. On en entend parler de plus en plus. Mais en Tunisie on se réfère plutôt à la psychothérapie à support
artistique, ce qui est totalement différent de l'art-thérapie
moderne". "La psychothérapie à support
artistique est basée sur l'analyse de la production, elle se pratique essentiellement en psychiatrie et en individuel alors que l'art-thérapie peut se
pratiquer de façon collective."
Bien que de plus en plus
exercée et reconnue pour ces effets thérapeutique, l'art-thérapie n'a que le statut d'une pratique paramédicale. Cependant, pour l'exercer "il faut un
diplôme" mais aussi et surtout une "dominante artistique". C'est
d'ailleurs cela qui fait que les patients réagissent bien à cette nouvelle
forme de thérapie : "Depuis l’obtention de ma certification d'art-thérapie
en 2011 j'ai proposé des ateliers d'art-thérapie à des hôpitaux à des
structures sociales. Dans l'ensemble les retours étaient très positifs auprès
des patients et aussi des familles", affirme t-elle.
Si ses patients sont de tout
âge et de tout horizon, c'est surtout les enfants qui sont le plus concernés :
"J'ai travaillé en gériatrie avec des personnes
âgées atteintes d’Alzheimer, des adultes en soins palliatifs, des enfants
atteints de cancer, des adolescents handicapés mentaux, des autistes, des
femmes réfugiées, des adultes schizophrènes..." affirme t-elle avant
d'ajouter : "On me sollicite plus pour les enfants. Les parents sont de
plus en plus conscients, et ils veulent le meilleur pour leur enfant afin qu'il
puisse s'épanouir malgré sa différence, et surtout avoir confiance en lui et
l'estime de soi".
Curiosité et déchirement
Encore peu connue, et devant faire face à la
concurrence de la médecine traditionnelle, l'art-thérapie reste pour la plupart
des gens un mystère: "A chaque fois que je présente mon métier, il y a
toujours ce regard interrogateur et curieux. C'est encore flou pour beaucoup de
gens" affirme Imen Jemmali, "mais j'ai bien vu la différence d'année
en année, les gens sont plus réceptifs".
Si l'art-thérapie soigne les
maux de l'esprit, elle n'y peut parfois malheureusement rien face à de graves
maladies, hormis peut-être soulager mentalement les personnes atteintes. "Je
me rappelle d'un petit garçon au service pédiatrie (hémato-oncologie) le jour
où il m'a vu arriver dans la chambre, il était très agité et agressif. J'ai eu
même droit à un petit coup de poing et un coup de pied. Il était effrayé, il
pensait que j'étais un nouveau médecin pour lui donner un nouveau traitement.
Quand je suis entrée, j'ai expliqué qu'on allait dessiner et faire de belles
choses mais il n'écoutait rien, il était très agité et il ne me croyait
pas" affirme l'art-thérapeute. Avant d'ajouter : "Après deux séances
d'art-thérapie ce petit garçon attendait avec impatience les séances. Une fois, je suis arrivée en retard de 5 minuteset je l'ai trouvé entrain de sauter sur le lit avec
son traitement en intraveineuse dans le bras en criant 'saydéty, saydéty'. il
m'appelait ainsi !". "Lorsqu'on a fini cet atelier il a mis son masque
et il m'a dit : 'je vais le mettre demain lors de la visite du médecin et je vais
lui faire peur comme il me fait peur' " se rappelle t-elle. Quelques mois plus tard, le petit
enfant est décédé des suites de sa maladie, un déchirement pour elle. Si elle
ne peut pas tout guérir, l'art-thérapie aura au moins servi à l'accompagnement
de l'enfant. Cet "atelier d'art-thérapie a diminué son anxiété. Il était
moins agressif, beaucoup plus souriant, actif dans les séances au point
d'oublier son traitement" a fini par conclure Imen Jemmali.
L'art-thérapie se développe en Tunisie
Au mois de mai 2015, s'est tenue
à Monastir, la première édition des Rencontres d’Art-thérapie. Organisée par
l’Association "Médecine, Culture et Art” en partenariat avec l’Union
tunisienne d’aide aux Insuffisants Mentaux, cette rencontre a été l'occasion de
sensibiliser sur l’importance de l’Art-thérapie. Le lancement d’un Magistère
d’Art-thérapie à la Faculté de médecine à Monastir avait même été proposé.
Quelques mois auparavant, 152
oeuvres de peinture et de céramique réalisées par des personnes internées à
l'hôpital psychiatrique Al Razi ont été exposées au Palais Abdellia à la Marsa
(banlieue de Tunis). Cette
exposition a été
mise en oeuvre par Amal Choura, spécialiste de la thérapie par l'art, qui avait
assuré à l'intérieur de l'hôpital un atelier d'initiation à des activités de
groupes, avec environ 90 patients.
En 2016, plusieurs actions sont
menées dans ce sens par de nombreuses associations à l'instar du "Club
Alesco-Unesco de Radès". Un bel avenir en somme.
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